ÂGISME

Nous sommes tous le vieux de quelqu’un, et chacun le sera à son tour.

« Vieillir est encore le seul moyen qu’on ait trouvé de vivre longtemps« 
(Sainte-Beuve)

Combattre l’âgisme

Malgré les nombreuses contributions des personnes aînées à la société et leur grande diversité, les attitudes négatives à leur égard sont courantes dans toutes les sociétés et sont rarement remises en question. Les stéréotypes (comment nous pensons), les préjugés (comment nous nous sentons) et la discrimination (comment nous agissons) envers les personnes sur la base de leur âge, l’âgisme, affectent les personnes de tous âges mais ont des effets particulièrement délétères sur la santé et le bien-être des personnes aînées.

Selon un nouveau rapport des Nations Unies consacré à l’âgisme1, une personne sur deux dans le monde aurait des attitudes âgistes, ce qui a des conséquences négatives sur la santé physique et mentale des personnes âgées et leur qualité de vie et coûte chaque année des milliards de dollars aux sociétés. 

L’âgisme, une discrimination fondée sur l’âge, consiste à traiter une personne de façon inégale en raison de son âge, et d’une manière qui est contraire aux lois relatives aux droits de la personne. Les principes qui régissent les droits de la personne exigent que tous les membres de la société soient traités en tant qu’individus et évalués selon leurs propres mérites, et non pas selon des présomptions, et que tous puissent bénéficier de chances et d’avantages égaux, sans égard à leur âge. Il importe de reconnaître que les personnes âgées apportent une riche contribution à notre société et qu’il ne faut pas limiter leur potentiel.

La Cour suprême du Canada a très clairement établi qu’il n’est plus acceptable de mettre en place des systèmes conçus comme si tout le monde était jeune et d’essayer par la suite de les adapter tant bien que mal pour les personnes qui ne le sont pas. Il faut plutôt tenir compte de la diversité d’âges qui existe dans la société dès l’étape de la conception, qu’il s’agisse de politiques, de programmes, de services, d’installations ou autres, afin de ne pas créer d’obstacles physiques, psychologiques et systémiques. Lorsque des obstacles existent déjà, les responsables doivent faire des efforts réels pour les définir et les éliminer.

Les aînés au volant: exemple d’âgisme chronique ?

Selon un récent sondage Léger réalisé pour le compte de CAA-Québec2, 92% des personnes consultées estiment que les personnes aînées au volant ont perdu leurs réflexes. De plus, 54% pensent qu’ils ne voient plus aussi bien, et 52% jugent qu’ils sont trop lents.

Quand vient le temps de trouver des solutions, le sondage nous apprend que 62% des répondants croient que les aînés devraient être soumis à un examen de conduite pour conserver leur permis de conduire, tandis que 48% sont d’avis que certaines restrictions devraient leur être imposées par la loi, par exemple ne pas conduire le soir ou aux heures de pointe. Enfin, près d’une personne sur cinq (18%) voudrait automatiquement retirer le permis de conduire à partir d’un certain âge.

Mais qu’en est-il vraiment ?

En vérité, l’aptitude à conduire dépend des capacités, non de l’âge. On peut être apte à conduire à 91 ans et inapte à 19 ans! Selon le dernier bilan routier de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), les conducteurs de 75 ans et plus ont été impliqués dans 3,9% des accidents de la route alors qu’ils représentent 6,8% des titulaires de permis de conduire. Et on parle ici en général d’accidents mineurs causant des dommages matériels seulement !

Décennie pour le vieillissement en bonne santé 2020-2030

La Décennie pour le vieillissement en bonne santé 2020-2030 vise à réunir les gouvernements, la société civile, les organismes internationaux, les professionnels, le milieu universitaire, les médias et le secteur privé afin de mener, sur une période de 10 ans, une action concertée, catalytique et de collaboration en vue d’améliorer la vie des personnes aînées, de leurs familles et des communautés dans lesquelles elles vivent.

La Décennie pour le vieillissement en bonne santé repose sur la Stratégie mondiale sur le vieillissement et la santé (2016-2030), élaborée suite une vaste consultation qui s’inscrivait dans la foulée de la publication du Rapport mondial sur le vieillissement et la santé3.

Pour favoriser le vieillissement en bonne santé et améliorer la vie des personnes âgées, de leurs familles et de leurs communautés, des changements fondamentaux seront nécessaires, non seulement dans les mesures que nous adoptons, mais aussi dans notre façon de concevoir l’âge et le vieillissement.

C’est pourquoi la Décennie entend intervenir sur trois domaines d’actions en particulier :

  1. Changer notre façon de penser et la façon dont nous agissons face à l’âge et au vieillissement ;
  2. Veiller à ce que les communautés favorisent le développement et le maintien des capacités des personnes âgées ;
  3. Développer l’offre de soins intégrés et de services de santé de qualité qui répondent aux besoins des personnes aînées en perte d’autonomie.

La Famille Lajeunesse: un photo roman qui dénonce l’âgisme

Ce photo roman, réalisé par Les Accordailles, un groupe de bénévole intervenant auprès des personnes aînées de Mont-Royal, se veut outil à utiliser librement pour amorcer une discussion, éveiller les consciences, remettre en question certains comportements, ou faire tomber les préjugés envers l’âgisme.

  1. Rapport mondial sur l’âgisme, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), le Département des affaires économiques et sociales (DESA) du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), Genève, 24 mars 2021
  2. Sondage Léger réalisé pour le compte de CAA-Québec, novembre 2019
  3. Stratégie et plan d’action mondiaux sur le vieillissement et la santé. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2017
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